- ANDOKIDÈS (PEINTRE D’)
- ANDOKIDÈS (PEINTRE D’)L’artiste athénien désigné comme «Peintre d’Andokidès», d’après le nom du potier qui fabriqua et signa cinq des vases par lui décorés, occupe une place privilégiée dans l’histoire de la peinture grecque sur céramique: il fut, semble-t-il, l’inventeur, ou du moins le premier utilisateur connu, vers \ANDOKIDÈS (PEINTRE D’) 530, de la technique dite de la (ou des) figure(s) rouge(s).Après les sommets artistiques atteints, entre \ANDOKIDÈS (PEINTRE D’) 550 et \ANDOKIDÈS (PEINTRE D’) 530, dans le domaine de la figure noire par des maîtres athéniens tels que le peintre d’Amasis et Exékias, il ne restait plus aux jeunes créateurs soucieux de progrès et d’originalité qu’à rechercher une nouvelle voie. Parallèlement à quelques essais d’un procédé — peu durable à cause de sa fragilité — qui consistait à dessiner les figures entièrement en rehauts blancs se détachant sur le fond noir (ainsi fit le Peintre d’Andokidès sur une amphore conservée au Louvre, inv. F 203), apparaît la figure rouge, technique exactement inverse de la figure noire, qui devait, après des débuts assez timides, connaître rapidement le plus grand succès; elle présentait, entre autres avantages, la possibilité de donner plus de netteté aux figures et de créer un véritable effet plastique. Comme quelques-uns de ses contemporains, le Peintre d’Andokidès, qui avait à coup sûr appris à travailler selon l’ancienne technique, probablement sous la direction d’Exékias, sera pendant un certain temps «bilingue»: il décorera plusieurs vases (sept connus à ce jour: une coupe et six amphores) d’un côté en figures noires, de l’autre en figures rouges. Certes, quelques savants, et non des moindres (ainsi J. D. Beazley, Attic Red-figure Vase-painters , 2e éd., 1963), considèrent que le Peintre d’Andokidès n’est qu’un peintre à figures rouges et, dans le cas des vases «bilingues», ils attribuent la partie du décor peinte selon la technique de la figure noire à un autre artiste, nommé conventionnellement Peintre de Lysippidès, d’après le nom d’un jeune homme dont la beauté est louée sur une amphore du British Museum (inv. B 211) qu’il a décorée. Mais une majorité de spécialistes considèrent que le Peintre de Lysippidès et le Peintre d’Andokidès ne sont qu’un seul et même artiste, travaillant au début de sa carrière selon la technique des figures noires, mais ne tardant pas à inventer, après avoir essayé le procédé des figures blanches sur fond noir, la technique des figures rouges, qu’il associe d’abord à l’ancienne (d’où les vases «bilingues») avant de l’utiliser exclusivement.Si l’on adopte ce point de vue (qui est par exemple celui de J. Boardman, Athenian Black Figure Vases , 1974, et Athenian Red Figure Vases: the archaic period , 1975), on attribuera au Peintre d’Andokidès une vingtaine de vases à figures noires (principalement des amphores et des coupes), l’amphore à «figures blanches» et les sept vases «bilingues» déjà signalés, ainsi que huit vases (dont sept amphores) entièrement à figures rouges. Les créations les plus intéressantes sont les vases «bilingues», qui permettent de saisir de la manière la plus directe la différence entre les deux techniques, d’autant plus que, dans le cas au moins de trois amphores, le même sujet est traité sur les deux faces du vase. D’autres artistes, tels Psiax et Paséas, pratiquent vers le même moment la double décoration à figures noires et à figures rouges, mais c’est le Peintre d’Andokidès qui est le plus représentatif.Quel que soit le mode d’expression choisi, il conserve de son maître Exékias le goût pour les compositions sobres et grandioses, les personnages restant peu nombreux et empreints d’une grande dignité, avec un raffinement presque précieux, parfois, dans l’expression, qui rappelle celui de certaines figures de la sculpture archaïque du dernier tiers du \ANDOKIDÈS (PEINTRE D’) VIe siècle. Le Peintre d’Andokidès s’intéresse essentiellement aux dieux et aux héros, son personnage favori étant Héraklès. Grâce à l’acquis de la génération précédente, ses tableaux à figures noires sont tracés avec une maîtrise parfaite, qui les rend parfois plus riches, par exemple dans le rendu du détail des vêtements, que ceux traités en figures rouges, où l’on note assez souvent trop de raideur. Quelques détails techniques sont intéressants, car ils révèlent une certaine continuité, malgré les différences fondamentales, entre la figure noire et la figure rouge à ses débuts: le Peintre d’Andokidès emploie volontiers dans ses œuvres à figures rouges des rehauts de couleur rouge violacé, par exemple pour le rendu du feuillage d’un arbuste ou d’une couronne, ou de la barbe d’Héraklès, ou encore de certaines parties d’un vêtement; il utilise aussi encore l’incision, comme dans la figure noire, pour indiquer certains détails, par exemple pour marquer les limites d’une chevelure ou d’un ornement; ces deux pratiques disparaîtront très vite de la figure rouge, dès la fin du \ANDOKIDÈS (PEINTRE D’) VIe siècle. Dans ses œuvres les plus récentes, le Peintre d’Andokidès commence à tirer parti d’une des ressources qu’offre la technique des figures rouges: l’obtention d’un certain jeu de couleurs, dans la gamme des bruns, par l’emploi d’un vernis plus ou moins dilué pour tracer les lignes qui donnent les détails à l’intérieur des surfaces réservées.Excellent technicien, doué d’un sens aigu de la couleur, le Peintre d’Andokidès ouvre la voie aux grands artistes qui lui succèdent immédiatement, en particulier à Euphronios.
Encyclopédie Universelle. 2012.